Togo/Non-reconnaissance de la minorité sexuelle: Les LGBTQ+, très offusquées

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Le Togo est loin de reconnaître la communauté Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres et Queer (LGBTQ+). Le ministre des Droits de l’homme, de la Formation à la Citoyenneté, chargé des relations avec les Institutions de la République, Christian Trimua l’a martelé mardi 29 juin 2021 devant les Nations unies. C’était lors de la présentation du 5e rapport pour le compte de l’examen périodique universelle du Togo sur la mise en œuvre du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. Le refus catégorique prononcé par le porte-parole du gouvernement Monsieur Trimua, passe mal chez la communauté et inquiète la société civile en proie aux droits des LGBTQ+.

« Pour ce qui concerne les relations sexuelles entre adultes consentants du même sexe, le Togo n’envisage pas d’abroger les dispositions qui les criminalisent. Car cette orientation sexuelle n’est pas en adéquation avec les valeurs sociales togolaises », a déclaré le ministre Christian Trimua devant la Présidente du Comité des droits de l’Homme des Nations Unies, Mme Elisabeth TICHY-FISSLBERGER.

Cette déclaration du ministre n’est pas chose étonnante. C’est en effet, une position qu’il a toujours défendu haut et fort sur les médias. « Cette réponse du Gouvernement n’est pas très surprenante, déjà que le ministre en charge des Droits humains avait il y a quelques mois, fait une sortie assez tranchée sur la question », a déclaré Gerson (nom preté) , Directeur exécutif d’une Association de défense des droits humains et de création d’environnement social, économique et juridique favorable pour les personnes LGBTIQ+.

En vérité, le ministre Trimua n’a fait que dire tout haut ce que beaucoup de Togolais rejettent en leurs fors intérieurs. Selon une enquête réalisée en octobre 2014 par le Centre Afro-baromètre, neuf (9) Togolais sur 10 déclarent ne pas souhaiter avoir des homosexuels dans leur voisinage, la plupart à cause des raisons de moralité ou encore de religion. Les LGBTQ+ ou la minorité, sont mal vus dans la société. Une personne chez qui on observe un comportement dit « anormale » ou « étrange » lié aux pratiques des LGBTQ+, sont tout de suite marginalisée, indexée dès qu’on observe un comportement dit « anormale » ou « étrange » chez elle.

Entre la justice et les LGBTQ+, ça ne colle pas

La constitution togolaise ne criminalise pas la pratique, mais le code pénal la sanctionne. Selon ce code, l’homosexualité est punit d’une peine d’emprisonnement d’un à trois ans et d’une amende de 1 000 000 à 3 000 000 francs CFA. En son article 393, l’homosexualité comme « tout acte impudique ou contre nature commis avec un individu du même sexe que soi ». En plus de la sanction du code pénal, la marginalisation dans la société ne permet pas aux LGBTQ+ d’afficher leur statut devant une juridiction lorsqu’ils sont victimes de violences ou quand leurs droits en tant qu’humain, sont bafoués. « Aujourd’hui encore, des gens ont peur de s’adresser à la justice et de faire entendre leur voix », a notifié Me Thérèse Donou, avocate et la lauréate togolaise du projet “JusticeMakers”, de l’organisation International Bridges to Justice, au site religionnew.

Les LGBTQ+ existent bel et bien au Togo

Ils ne s’affirment certes pas, mais ils existent bel et bien et leur communauté s’agrandit même si aucun chiffre ne détermine le nombre. « Nous ne sommes pas acceptés dans la société togolaise, mais nous existons quand même, et le nombre est assez grand. Nous n’avons pas choisi d’être Homosexuel, etc. Nous sommes nées ainsi. Nous vivons notre situation comme nous le pouvons dans l’anonymat », nous a confié Adjoa (Nom prêté pour garder l’anonymat ).

La communauté compte même des jeunes et adolescents dont les parents ignorent complètement le statut à en croire Madame Sika (Nom prêté), qui a pu intégrer une plateforme des LGBTQ+. « Ils (LGBTQ+ ndlr) sont nombreux surtout à Lomé. La communauté compte des hommes et femmes, commerçants, artisans, étudiants, et même des élèves de collège et Lycée. De petites filles lesbiennes sont également sur la plateforme. La plateforme organise régulièrement des activités dans la discrétion », a indiqué madame Sika.

Violence sur les LGBTQ+

Ils sont souvent victimes de violence de tout genre. Des attaques verbales et parfois même agressé physiquement. Le cas de l’influenceur Tonton Prince agressé en janvier 2021 à Dekon en est un exemple palpable. Bien que ce dernier ne s’est jamais déclaré appartenant à la minorité sexuelle a été violenté par des jeunes qui l’ont traité de Adowoè (pour désigner homosexuel).

Le mal pour eux, disent-ils, quand leur droit en tant qu’humain est piétiné, ils ne peuvent pas se référer à la police. « Même à la police, on ne traite pas nos affaires. Il n’y a pas longtemps un ami a eu une altercation avec un colocataire. Il était dans ses droits et donc a fait appel à la police pour que l’affaire soit tranchée. Mais comme le colocataire a dit aux policiers que mon ami est homosexuel, on a baratiné l’ami. L’affaire n’a jamais été prise au sérieux. L’ami a finalement quitté la maison » a confié Tata, (Nom prêté pour garder l’anonymat) un Homo.

« Avec la déclaration du gouvernement refusant de reconnaître la minorité sexuelle au Togo, ne sommes-nous pas jetés désormais en pâturage ? », c’est la grande question que se pose la communauté LGBTQ+. L’inquiétude s’installe.

Ils sont offusqués…

Étant déjà sans défense, quel sort leur sera désormais réservé dans la société ? L’impact sera négatif non seulement sur la communauté elle-même, mais aussi sur les programmes nationaux de prises en charge de la communauté sur le plan de santé publique.

« Les violences et abus dont sont victimes les personnes LGBTQ au Togo ne datent pas d’aujourd’hui. Très peu arrive à le dénoncer de peur d’être discriminé, en 2020 notre ONG a documenté une quarantaine. Ce refus du gouvernement vient légitimer les actes homophobes (arrestations arbitraires, chantages, extorsion, toute forme de violences physiques, morales, financières), ce qui impactera négativement sur les programmes nationaux de prises en charge de ces populations sur le plan de santé publique». S’est lamenté Monsieur Gerson (Nom preté).

Il y a seulement quelques jours, la France a sorti trois pays de la sous-région Ouest africaine de sa liste de pays sûrs à savoir le Bénin, le Ghana et le Sénégal. Le Togo n’étant donc pas cité sur cette liste noire, confirme sa position de pays non-homophobe, comme le disent les autorités même si entre les dires et la réalité, il y a à dire.

Si la constitution donne le droit égal à tous les togolais, la minorité sexuelle déplorent être traité de « sous-homme » à cause de leur orientation sexuelle et demande à être protégé aussi par des lois tout comme cela existe pour les personnes atteint du VIH-Sida.

Stan A.

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