ENTRETIEN: TCHAGNAO Arimiyao « Nous ferons en sorte que les garanties de liberté que le pays a acquis, soient maintenues et davantage améliorées»

Il vient d’être reconduit à la tête du Conseil National des Patrons de Presse. El Hadj Arimiyao Tchagnao a gagné par son dynamisme, son professionnalisme, son sens de partage, sa capacité à rassembler la presse, l’affection des membres qui lui ont accordé les 100% des voix pour un second mandat à la tête de l’organisation. Dans un entretien accordé à la Radio Carré Jeune (RCJ), le Président réélu, a souligné en dix (10) points les défis qu’il entend relever notamment : « Œuvrer pour la signature de la convention collective », « la professionnalisation de la presse », « l’assistance maladie aux journalistes » ainsi que « l’unité des organisations patronales ». Il a aussi évoqué les sujets d’actualité  comme la « Pandémie au Covid 19 », « Petrole-gate », « Privatisation de la NSCT ».  Lisez l’intégralité de l’entretien.

RCJ : Nous traversons actuellement la pandémie du coronavirus alors avant d’être Président du CONAPP, vous êtes Directeur de publication du journal Nouvelle Opinion, comment ça se gère actuellement à votre rédaction ?



T.A: Comme tous les togolais, nous gérons au quotidien les mesures barrières, nous nous accomodons aux décisions prises par les autorités du pays notamment se laver régulièrement les mains, passer le gel hydro-alcoolique à la main quand on n’a pas l’eau et le savon à proximité, et surtout le port des bavettes.


RCJ: Vous venez d’être réélu à la tête du CONAPP, alors quel bilan faites-vous du mandat bouclé ?



T.A: Il ne nous revient pas de danser et de nous apprécier au même moment. Notre reconduction a été motivée par des faits concrets que les confrères ou les patrons de presse du Togo qui sont du moins membres du CONAPP, ont dû constater. Nous avons été élus le 18 mai 2018 pour 2 ans. Et durant ces deux années, nous nous sommes attaqués à ce qui nous intéresse le plus et qui concernait la professionnalisation de toute la corporation. Nous avons fait en sorte que les confrères surtout du privé, soient réconfortés en ce qui concerne la professionnalisation.

Nous avons eu à notre actif douze (12) séries de formation sur plusieurs thématiques notamment : la couverture médiatique post-crise, couverture médiatique des élections, nous avons aussi appris avec l’appui de notre partenaire privilégié qui est reporter sans frontière, comment faire une investigation, et comment lutter contre la cybercriminalité. Nous avons aussi avec plan Togo fait une formation sur les violences faites aux enfants. Aussi, avons-nous, à notre actif, une formation qui permet aux journalistes de savoir faire la différence entre les fakes news, et les informations réelles. D’autres formations nous ont permis d’être ensemble avec les forces de l’ordre et de sécurité que nous retrouvons souvent sur les lieux de reportage.

Nous sommes aussi allés vers les autorités pays pour leur fait comprendre la nécessité et l’importance de voir comment revoir à la hausse, la subvention de l’état à la presse. Nous étions à 100 000 000, l’effort et les explications que nous avons pu donner au niveau de l’Assemblée nationale notamment avec la présidente, Mme Tsegan Yawa, avec les différentes commissions et groupes parlementaires qui nous ont orienté vers le ministère des Finances; Nous avons rencontré le ministre lui-même qui, à son tour, nous a demandé d’échanger avec le Directeur général du budget et au finish, nous avons été compris et avions gagner 50% de plus sur ce que nous avions.

Ce qui a fait que la presse privée a eu 150 000 000 comme aide de l’aide. Nous sommes confiants que les 50 000 000 qui se sont ajouté ne font pas l’attente. Ce n’est pas la fin de ce que nous cherchons et donc dans le second mandat, nous allons œuvrer pour que l’aide puisse encore hausser. Puisqu’aux états généraux de la presse à Kpalimé, la barre était fixée à 800 000 000. Aujourd’hui, nous n’avons même pas le quart, et donc le combat continu.



En dehors de cela, nous savons qu’au niveau de la presse privée, nous n’avons pas une assurance-maladie, ce qui fait que quand un journaliste du privé tombe malade, il faut passer par des SOS, des plateformes pour demander des soutiens. Nous avons ouvert des discussions avec d’autres associations patronales, près de l’Institut Nationale Maladie (INAM). La discussion n’est pas bouclée, mais quelque chose a été démarré.

Nous avons aussi travaillé à la solidarité entre nous. Certains confrères en difficulté ont été aidés par nos initiatives de couloir.

Pendant la covid 19, contre lequel nous continuons de lutter, le CONAPP a fait en sorte que certains confrères puissent bénéficier d’insertion sur toute l’étendue du territoire pour que surtout les rédacteurs puissent bénéficier de quelque chose pour gérer la crise.


Nous avions eu des ambitions en 2018, certains ont été satisfaites, d’autres sont ouvertes et ne sont pas encore fermées. Avec ce nouveau mandat, nous allons œuvrer pour que la boucle soit bouclée.


RCJ: En vous suivant, on a l’impression que durant les deux ans, tout a été rose ?


TA:on ne peut pas dire que tout a été facile. Dans la vie, il faut arriver à surmonter les difficultés, c’est en ce moment seulement que vous sentez que vous menez un combat de vie.

J’avoue que la profession de journalisme ne m’a jamais trahi, et ne m’a jamais déçu, mais le journaliste m’a déçu durant les deux ans d’exercices. Le métier ne m’a pas déçu, mais les professionnels, il y en a qui m’ont déçus, il y en a qui m’ont trahit. Mais ça fait partie des coups de la vie qui nous permettent d’être plus forts.


Il y a des confrères qui vous appellent pour avoir des éclairages sur quelque chose qui se passe et qui leur semble flou. Mais il y en a qui, pour aucune raison, s’en prenne à vous. C’est en cela que je dis que les premières autorités de tout pays se sont leur école qui nous intéressent parce que tous les jours, nous critiquons, nous nous attaquons aux autres.

En tout cas pour les deux ans que nous avons devant nous, que les confrères soient ouverts. Moi je reste humble, ouvert depuis nos employés jusqu’à la sommité qui est constituée des patrons y compris nos partenaires privilégiés qui sont le ministère de la Communication, la HAAC. Je reste ouvert dans l’humilité et je suis prêt à recueillir toutes les remarques pour perfectionner et faire mieux.


RCJ: Quels sont les grands chantiers pour le 2e mandat ?



T.A: Les grands chantiers se résument en dix (10) points. Les dix points, c’est de renforcer toujours la confraternité entre nous parce que quand vous observez bien, vous vous rendrez compte sur les plateformes qu’il y a que le monde de journalisme qu’on ne sait pas cuisiner en interne, mais on cuisine en externe, aux yeux du monde.

Là, j’invite tous ceux qui sont à la tête des organisations à jouer le rôle qui est le leur. Que ceux qui sont à la tête des patronats ne s’invitent pas dans les activités des syndicats de revendication.

Les syndicats sont là pour amener les patrons à donner des satisfactions aux employés. Je veux bien que nous ayons cette limite. Ça nous permettra de parler le même langage pour la victoire, l’évolution de la corporation.

Pour revenir sur la professionnalisation, j’affirme que quelque soit le baguage qu’on a, le recyclage est important. Donc nous allons faire en sorte qu’on assure des séries de formation à l’ensemble de la presse du CONAPP ou d’autres organisations.


Nous allons aussi continuer à travailler à ce que la convention collective devienne une réalité. Il faut que les syndicats comme le Synjit, l’Ujit… puissent se mobiliser pour affronter les patronats notamment le CONAPP, le PPT, l’ATOPPEL…, pour que la convention puisse être signée.

Nous avons fait un constat selon lequel les journaux papiers se produisent et sont concentrés rien qu’à la capitale. D’ailleurs, quand vous allez dans les banlieues de Lomé, c’est difficile de trouver les journaux. Donc nous pensons qu’il faut que nous allions chercher des bailleurs, des partenaires pour que les journaux puissent être distribués dans tous les coins du pays, pour que tout le monde ait le même niveau d’information. Nous y travaillons.


L’autre constat est que les gens ont des difficultés en matière d’imprimerie, c’est ce qui fait d’ailleurs, certains sont irréguliers sur le marché .

Des gens ont des difficultés à paraître régulièrement alors qu’aucun pays ne peut se développer en se passant de la presse. Les grandes nations que nous admirons de loin, réussissent à cause de la communication et pour cette raison, nous sommes en train d’explorer des pistes pour avoir une imprimerie qui va commencer par faire des allégeances aux membres de notre organisation patronale et qui font du journal papier.


En dehors de cela, nous sommes en train de voir comment faire pour que l’aide soit revue de façon conséquente. Et pour ça, il faut faire des lobbyings.


Aussi, nous avons en vue de faire, en sorte que la solidarité soit renforcée, et en cela, nous avons un projet actuellement qui nous permet de voir et d’explorer des pistes de création d’une mutuelle.


Nous, du privé, nous n’avons pas de salaire, nous n’avons pas de matricule et donc si nous n’avons pas de mutuelle qui puisse nous permettre d’assurer nos vieux jours, se serait dommage.


Nous avons également envi de renforcer le positionnement de la presse togolaise au plan international. Il se fait de bonnes choses dans notre pays, mais parfois, c’est aveuglé de l’extérieur et donc le CONAPP va continuer par travailler comme il l’a fait il y’a deux ans à ce que le Togo, s’ouvre davantage notamment au niveau des rencontres internationales qui concernent la presse.

Nous ferons en sorte que les garanties de liberté que le pays a, soient maintenues ou pourquoi ne pas être davantage améliorées. Voilà les points que nous sommes en train de vouloir exécuter dans les 2 ans.


RCJ: Chaque jour, les organisations se créent, comment allez-vous prendre pour réaliser l’union parce que parfois certains partenaires vous le demandent pour pouvoir avoir accès à certains accompagnements. Est-ce que ce ne serait pas bien d’aller vers une union totale de ses organisations ?

T.A: Quand on regarde dix ans en arrière, je crois que cette idée avait prévalu où une organisation internationale avait demandé à la veille des élections, aux organisations patronales de se mettre ensemble et elle fera en sorte que l’appuie soit conséquent et qu’on sache évidemment qu’elle donne à des gens qui parlent d’une bouche commune. C’est ça qui a conduit à la création du Conseil National des Patrons de Presse. Et à l’époque, toutes les organisations patronales qui étaient là, s’étaient fondues. Mais je voudrais ouvrir une parenthèse pour dire que je ne suis pas en train de vendre très chère la peau du CONAPP ici, mais je crois fermement que cette organisation que je préside, malgré les clivages, ou conflits personnels qui ont surgit et qui ont amener des gens à se retirer, le CONAPP demeure ce qu’il est et continue de faire l’attraction. Vers la fin de mon premier mandat, je peux affirmer qu’on a eu plus de 20 dossiers de patrons qui frappent à la porte. Je dis que s’il faut que les gens reviennent à la maison et que c’est Tchagnao qui doit quitter pour qu’on refonde, tant mieux, ce serait une très bonne chose.


RCJ: D’aucun disent qu’au CONAPP, vous imposez des lignes aux patrons c’est pourquoi ils sont un peu retissants


T.A: C’est du ridicule, on impose aucune ligne. Ceux qui disent qu’on dicte des lignes sont dans quelle organisation ? On peut retrouver tout le monde si les gens ont la bonne volonté, et chacun fera ce qu’il veut.


Autour de l’OTM qui est notre tribunal, nous avons pu, en temps de covid, nous mettre ensemble et avions parler d’une bouche commune pour aller vers l’ambassade de France qui nous a permis d’avoir quelque chose pour faire tourner les rédactions. Nous nous sommes mis ensemble aussi avec l’Union européenne et le projet est en cours à ce jour, donc en clair, quand on y met la volonté, on peut faire beaucoup de choses.


RCJ: Par rapport au dernier congrès, nous sommes en temps de crise sanitaire vous aurez pu repousser un peu plus votre mandat, pourquoi vous avez tenu à l’organiser ?


T.A : Ma vision est claire, nous critiquons les pouvoirs publics, nous critiquons les autres, mais ne montrons pas aux gens que nous sommes pire que les autres. Quand la pandémie s’est annoncer, et que les premiers cas ont été vu au Togo, nous étions conscients que le 18 mai, nous sommes obligés d’aller selon les textes, au congrès, mais nous l’avions repoussé à cause du virus dont la contamination était au summum en ce temps-là. Mais quelques semaines après, le gouvernement et les autorités sanitaires ont commencer à dire que nous devons apprendre à vivre avec la Covid 19. Ça veut dire que la maladie ne finira pas de si peu. Alors si la covid va jusqu’à 10 ans, je vais rester président jusqu’à ces 10 ans? Alors que les textes disent que c’est 2 ans renouvelables une fois ? Si Jean-Paul avait eu aussi l’occasion et s’était accrocher ? Si Djakouti avait eu l’occasion et s’était accrocher? Nous avons rapidement donc compris qu’il ne faille plus tenir les câbles, qu’il faut nous remettre en cause. C’est ce que nous avons fait en appelant au congrès.

Pour le congrès, je me réjouis que tout a été mis en  œuvre pour le respect des mesures barrières.


RCJ: Un mot a l’endroit de l’équipe qui va vous accompagner pour ce second mandat ?


T.A: C’est des gens que je connaisse, ils sont dynamiques et efficaces. Je leur dis seulement courage, qu’ils fassent en sorte qu’on se mette dans la même synergie pour ensemble avec les membres et les autres confrères, pour relever les grands défis qui nous attendent notamment les 10 points que je viens de lister.


RCJ: L’actualité, c’est la privatisation des sociétés d’Etat, la dernière, c’est le Ok donné par l’assemblée pour la privatisation de la NSCT. Alors Tchagnao, toutes les sociétés partent comme ça alors que celles qui ont été déjà privatisées ne sortent aucune fumée blanche.

T.A: Ceux qui ont en main la gestion de ce pays, savent bien là où ils amènent le bateau, nous sommes la population, on observe, et ce sont eux qui seront comptables de tout ce qu’ils font. Et comme un père ne donnera pas un plat chaud à son enfant, le gouvernement togolais ait bien conscience.

Moi ce qui m’inquiète est qu’on risque de ne plus avoir de Banque nationale. Quand il y a une situation et on veut vous punir, on peut passer par ses Banques qui sont aux mains des étrangers.


Mais par rapport aux sociétés, le constat est là, moi, je n’ai pas vu là où on a privatisé et ça a donné un grand succès jusqu’à ce jour. J’ai souvenance de  Togo électricité, on a privatisé Togocom, on observe, on se dit que le meilleur viendra. Avec la Nouvelle Société Cotonnière du Togo aussi on va prendre du temps pour observer.


Mais je ne souhaite pas que ses privations, au lieu de nous donner un épanouissement, une véritable assise financière, que derrière, on ait que des grinsements de dents.


RCJ: La route Lomé-Kpalimé est en chantier, les travaux ont été lancés, et c’est l’entreprise EBOMAF qui a en main les travaux, prions que ça aboutisse !


T.A: EBOMAF n’est pas qu’au Togo, elle en Guinée, au grand nord de la Côte d’Ivoire, en Erythrée, tout le Burkina c’est EBOMAF. Notre grand souhait est que le chantier aboutisse dans le délai et dans les normes.


Nous sommes toujours dans notre peau de journaliste, on va observer et dès que le travail démarre, et s’il y a à dire, nous allons tirer l’attention des autorités du pays.


RCJ: Pétrole-gate, les milliards dilapidés, dénonce le journal l’alternatif


T.A: Nous sommes journalistes, nous-même, on a des regards loin envers l’autre, j’avoue que l’Alternative fait des efforts parmi beaucoup d’entre nous, il y a eu des moments où il a été d’ailleurs félicité pas la HAAC pour certaines investigations, ici également, nous constatons qu’il a sorti un dossier. Maintenant, les autorités du pays, chaque fois que des situations pareilles se présentent, doivent savoir que c’est des pistes d’enquêtes qu’on leur à donner.

Vivement, que ce soit au niveau des gouvernants ou que ce soit au niveau de la justice, que les gens puissent ouvrir des enquêtes pour que le Togolais soit d’avantage éclairé sur cette affaire.


RCJ: Président, votre mot de fin


T.A: C’est dire aux togolais de faire en sorte que la maladie qui secoue le monde aujourd’hui, puisse faire moins de victimes. Que les mesures barrières soient respectées par tous.

RCJ: Merci Président et bon mandat

T.A: C’est moi qui vous remercie, bon mandat à nous tous.

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