Délivrance de faux diplômes au Togo:un réseau de deux écoles démantelé, de la nécessité de démarrer les examens d’État
Malgré les efforts du Gouvernement togolais pour assainir le paysage de l’enseignement supérieur au Togo, à travers des initiatives du Président de la République Faure Gnassingbé, certains établissements d’enseignement supérieur privés qui n’ont plus d’agrément, d’autres fermés pour non conformité seraient incriminés dans la délivrance de faux diplômes aux étudiants togolais et étrangers, surtout d’origine nigériane. Nous vous rapportons ici les résultats de 30 jours d’enquêtes et de recherches, le Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche interrogé n’ayant pas accepté nous répondre.
Souvenez-vous il y a quelques semaines une accusation des autorités nigerianes de délivrance de faux diplômes par les établissements togolais d’enseignement supérieur, conduisant à la décision de non reconnaissance des diplômes délivrés au Togo. Face à cette accusation grave, le gouvernement togolais à travers les ministères de l’enseignement supérieur et des affaires étrangères a invité les autorités nigérianes à venir donner plus d’explications au gouvernement togolais.
Selon notre enquête, les autorités nigérianes ont finalement répondu après insistance à l’invitation du Togo après un premier report. La rencontre s’est donc enfin tenue le 19 mars 2024 dans les locaux du ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche.
Cette réunion de haut niveau a été présidée en personne par le Professeur Majesté Ihou Wateba, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche. Durant près de deux heures d’horloge, la délégation Nigeriane a voulu transformer la rencontre en un audit de l’enseignement supérieur togolais en évitant de donner les preuves des graves accusations. la partie togolaise ayant constaté le manque de collaboration et le refus de livrer les noms des établissements suspectés, a dans un premier temps déploré le non faire play des autorités nigerianes qui auraient pu adresser une mission au Togo en vue d’une enquête au lieu de jeter l’opprobre sur le système éducatif togolais qui œuvre chaque dans la recherche de la qualité.
Ainsi, face au silence des nigérians, la partie togolaise a demandé qu’un rectificatif soit apporté pour laver l’image du Togo face au manque d’éléments tangibles dont ne disposait pas l’accusation. C’est alors que la délégation nigeriane a subtilement demandé à être informé sur certaines écoles au sujet desquelles les renseignements et documents en leur possession laissaient croire leurs rôles dans les faux diplômes délivrés. Deux écoles dont nous taisons les noms ont particulièrement été objet d’attention. En fouillant un peu, nous avons constaté que ces deux écoles existent réellement au Togo mais ne sont plus opérationnelles. Une, n’a pas d’agrément et l’autre est fermée sur décision du ministre Wateba Ihou depuis bientôt trois ans pour non conformité. Tout porte donc à croire que des diplômes ont pu être délivrés par on ne sait qui au nom de ces écoles à des individus étrangers, majoritairement nigérians. Les autorités nigerianes n’ont donc plus voulu évoquer le nom des autres établissements soupçonnés en dehors des deux, du moment où les autorités togolaises ont confirmé l’inaptitude des deux premières écoles et ont exhorté les autorités togolaises à poursuivre leurs propres enquêtes.
C’est ainsi que la délégation togolaise a fait comprendre à celle du Nigeria que, la fraude et la délivrance des faux diplômes existent partout y compris au Nigeria et donc chaque pays doit mettre des gages nécessaires pour sécuriser les diplômes et minimiser les fraudes. Au Togo, il est institué le service de l’homologation qui permet de certifier les diplômes. Il est donc certain que les diplômes arrêtés au Nigeria ne sont sûrement pas homologués. Un spécimen du papier du diplôme d’homologation leur a été remis à cet effet. Les autorités togolaises leur ont également demandé de vérifier les diplômes des autres écoles concernées dont ils ne veulent pas donner les noms si les diplômes incriminés ont fait l’objet d’homologation. Une liste d’écoles ciblées par la délégation nigeriane ont été visitées dans la soirée . La délégation togolaise a tout de même déploré la non coopération de la délégation Nigeriane car la lutte contre la fraude est une affaire de tous.
Nous tenons tout de même à rappeler que la mise en œuvre rapide des réformes dans ce secteur est vitale car l’homologation, que d’aucun qualifie de blanchiment des diplômes a beaucoup d’insuffisances. Elle ne renseigne ni sur la qualité de l’enseignement, ni sur l’enseignant mais est faite sur la base de l’étude de dossier fournis, notamment l’agrément d’ouverture, les relevés de notes de l’étudiant, etc… Ceci remet en question le problème de mérite et d’impartialité dans l’obtention des diplômes. C’est dans cette optique que nous saluons l’initiative du président de la République en instituant les examens d’État pour assainir le paysage de l’enseignement supérieur privé au Togo, et d’éviter tous les soupçons de diplômes falsifiés. Cela va redorer le blason aux établissements d’enseignement supérieurs qui font de la qualité et qui sont tout de même nombreux.
Rendez-vous l’année prochaine pour la mise en oeuvre de ces réformes dans l’enseignement supérieur. Les belles idées peinent des fois à voir le jour, surtout quand les intérêts des lobbies sont en jeu. Nous comptons sur la témérité et la ténacité du Ministre de l’enseignement supérieur, le Professeur Majesté Ihou WATEBA, que d’aucuns qualifient de bête noire des écoles privées d’enseignement supérieur pour ramener de l’ordre dans ce sous secteur de l’éducation à l’instar d’un certain Dodji Kokoroko dans l’enseignement primaire et secondaire.
Cyrille Sablassou
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