Mali: arrêt d’IBK et de Boubou Cissé, la communauté internationale tente le sauvetage

Des soldats maliens ont pris le contrôle, mardi matin, du grand camp militaire de Kati, dans la proche banlieue de Bamako. Le président malien et son Premier ministre ont été arrêtés dans l’après-midi, a confirmé une source officielle.

La situation se tend au Mali. Des militaires ont pris, mardi 18 août, le contrôle d’une garnison proche de Bamako dans la matinée, puis arrêté le président malien Ibrahim Boubacar Keïta et son Premier ministre, Boubou Cissé, en fin d’après-midi, a indiqué une source officielle.

« Nous pouvons vous dire que le président et le Premier ministre sont sous notre contrôle. Nous les avons arrêtés chez lui » (au domicile du chef de l’État), a déclaré l’un des militaires ayant requis l’anonymat. « IBK (le président Keïta) et son Premier ministre sont dans un blindé en route pour Kati », le camp militaire de la banlieue de Bamako où la mutinerie a débuté dans la matinée, a affirmé une autre source militaire dans le camp des mutins.

Le porte-parole du Mouvement du 5-Juin-Rassemblement des forces patriotiques du Mali qui mène la contestation a assuré que l’arrestation du président Keïta « n’était pas un coup d’État militaire mais une insurrection populaire ». De son côté, le Conseil de sécurité de l’ONU a annoncé la tenue d’une réunion d’urgence mercredi au sujet de la situation malienne. Le chef de l’organisation des Nations unies António Guterres a appelé à la « libération immédiate et sans conditions » du président.

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L’Union africaine a « condamné énergiquement », mardi soir ces arrestations et a appelé « à leur libération immédiate ». De même, le chef de la diplomatie de l’Union européenne Josep Borrell a « condamné » « la tentative de coup d’État ». « Ceci ne peut en aucun cas être une réponse à la profonde crise socio-politique qui frappe le Mali depuis plusieurs mois », a-t-il affirmé, dans un communiqué publié par ses services.

Plus tôt dans la journée, la Communauté des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), médiatrice au Mali, avait affirmé dans un communiqué suivre « avec une grande préoccupation » la situation, « avec une mutinerie déclenchée dans un contexte sociopolitique déjà très complexe ». L’organisation a appelé « les militaires à regagner sans délai leurs casernes » et « rappelé sa ferme opposition à tout changement politique anticonstitutionnel ».

« Des militaires en colère ont tiré en l’air »

La Cédéao a condamné « vigoureusement la tentative en cours et prendra toutes les mesures et actions nécessaires à la restauration de l’ordre constitutionnel ». Inquiets également, les États-Unis ont souligné, par la voix de leur émissaire pour le Sahel, Peter Pham, qu’ils « s’opposent » à tout changement de gouvernement en dehors du cadre légal, « que ce soit par ceux qui sont dans la rue ou par les forces de défense et de sécurité ».

Plus tôt dans la journée, le Premier ministre malien, Boubou Cissé, avait appelé les soldats au dialogue pour résoudre la situation. La mutinerie « reflète une certaine frustration qui pourrait avoir des causes légitimes ». « Le gouvernement du Mali demande aux auteurs de ces actes de se ressaisir », avait déclaré Boubou Cissé dans un communiqué.

Dans la matinée, des militaires ont pris le contrôle dans la matinée du camp Soundiata Keïta, situé à Kati, à une quinzaine de kilomètres de Bamako. « Des militaires en colère ont pris les armes au camp de Kati et ont tiré en l’air. Ils étaient nombreux et très nerveux », a expliqué un médecin de l’hôpital de la ville. Ces militaires ont ensuite bouclé les accès de la garnison.

Condamnation de la France

La France a condamné avec la « plus grande fermeté » cette mutinerie, selon un communiqué du ministre des Affaires étrangères. « La France partage pleinement la position exprimée par la Communauté économique des États de l’Afri

que de l’Ouest (Cédéao) dans le communiqué qu’elle vient de faire paraître et qui appelle au maintien de l’ordre constitutionnel et exhorte les militaires à regagner sans délai leurs casernes », ajoute le Quai d’Orsay.

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Après l’annonce de la prise de contrôle du camp de Kati, des manifestants se sont rassemblés sur la place de l’Indépendance de Bamako, épicentre de la contestation depuis juin, pour réclamer à nouveau le départ du président Keïta. Des manifestants ont incendié le cabinet d’avocats du ministre de la Justice, Kassoum Tapo.

Une coalition hétéroclite d’opposants politiques, de guides religieux et de membres de la société civile multiplie les manifestations pour réclamer le départ du président Keïta, accusé de mauvaise gestion. À cela s’ajoute une « situation sociale délétère », selon la dirigeante syndicale Sidibé Dédéou Ousmane.

Le Mouvement du 5-Juin-Rassemblement des forces patriotiques du Mali (M5-RFP), qui mène la contestation, a refusé jeudi dernier une rencontre avec le président Keïta, fixant notamment comme préalable la fin de la « répression » contre ses militants. Le week-end du 10 juillet, une manifestation à l’appel du Mouvement du 5-Juin a dégénéré en trois jours de troubles meurtriers

avec France 24

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