L’extinction des perroquets d’Afrique ne cesse de s’accélérer de manière inquiétante. Et pour cause, leurs nids, habitat naturel, sont détruits et plus de 70% de perroquets d’Afrique sont braconnés chaque année. Plus est, le braconnage qui sert à alimenter les marchés de transaction illicite de perroquets, contribue énormément à l’extinction de l’espèce.
La population sauvage de perroquets gris d’Afrique diminue à un rythme de 21 % par an. Présent en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale, les perroquets font l’objet d’un trafic illégal et est vendu comme animal de compagnie exotique, tandis que son habitat naturel est dispersé et détruit.
En 2020, plus de 79 000 perroquets gris du Gabon et perroquets Youyou du Sénégal ont été exportés d’Afrique : du Congo, de la République Centrafricaine, de la Côte d’Ivoire, du Cameroun, du Gabon, de la Guinée, du Sénégal et du Libéria. Le Royaume Uni et de nombreux autres pays européens importent encore des milliers de perroquets Gris ainsi que d’autres perroquets capturés dans la nature.
En outre, les politiques et les pratiques d’octroi de permis visant à réglementer sa possession sont peu connues, faciles à ignorer et rarement mises en œuvre. A cause du braconnage à outrance, on ne trouve pratiquement plus de perroquets sauvages au Ghana où le commerce illégal a fait disparaître 90 à 99 % des spécimens. Sa population a également diminué de plus de 50 % dans d’autres pays.
World Animal Protection International estime que des milliers d’animaux sauvages sont capturés quotidiennement en Afrique et commercialisés sur le marché mondial de plusieurs milliards de dollars comme animaux de compagnie exotiques.
En 2017, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES) a déplacé le perroquet gris d’Afrique de l’Annexe II à l’Annexe I. Cela signifie que l’espèce est menacée d’extinction et son commerce est interdit, sauf dans des cas exceptionnels.
Un trafiquant a révélé sous couvert d’anonymat, qu’un réseau de trafic de perroquets opère actuellement entre la RDC et le Kenya, avec l’Ouganda comme point de transit. Et, en direction de l’Afrique de l’ouest, le trafic de perroquets commence à partir du Gabon et du Cameroun en passant par le Nigeria, puis le Benin en transitant par la Togo pour le Liban ou les pays du Moyen Orient.
Les perroquets, une fois capturés en Afrique centrale, sont vendus à des intermédiaires qui les acheminent soit vers Kampala en Ouganda, ou vers le Nigeria. Le transport est assuré par des réseaux d’autobus transnationaux qui effectuent la liaison entre les grandes villes des pays précités, tels que Anambra, Lagos, Benin-City, Cotonou, Lomé puis Accra pour l’Afrique de l’ouest et Goma, Bukabu et Kampala pour l’Afrique de l’Est.
Pour les transports, les perroquets d’Afrique sont placés sous les autobus ou les camions dans des cartons obscurs sans ventilation, souvent rangés sous d’autres bagages. Les principaux points de transit, tels que les aéroports de Kinshasa et de Kisangani, voient passer chaque mois des centaines de perroquets, souvent dans des conditions épouvantables. Cette extinction dangereuse de certaines espèces sauvages protégées a amené certaines organisations internationales comme l’IFAW, la Fondation Lukuru et même EAGLE, à s’activer de différentes manières pour lutter contre le trafic des espèces protégées.
En juin 2023, une opération coup de poing menée dans le cadre du projet CARE a permis de sauver 45 perroquets gris du commerce illégal à Pointe-Noire, en République du Congo. Les partenaires d’IFAW ont apporté leur aide pour la prise en charge et le transport de ces perroquets, les sortant de paniers en osier bondés pour les placer dans des cages de transport sécurisées spécialement conçues pour les oiseaux.
Le 31 juillet 2025, les perroquets gris ont enfin obtenu une protection juridique complète en RDC. Cette décision historique signifie désormais que la capture, la possession, la mise à mort, la vente et le transport de cette espèce constituent des infractions pénales.
Togo, pays de transit ?
Le perroquet gris est très rare. Mais le pays constitue un pôle de transit et de commercialisation illicite de l’espèce. Pourtant, le nouveau code pénal dans son volet environnement renforce la protection de la faune et la flore. En effet l’article 796 du code pénal dispose que toute personne qui fait circuler, vend, importe, exporte ou fait transiter les animaux sauvages, vivants, des trophées sans autorisation est puni d’une peine d’emprisonnement d’un à six mois et d’une amende de cent mille à cinq cent mille francs CFA ou de l’une de ces deux peines. Et l’article 761 d’ajouter que la destruction et la commercialisation, directe ou indirecte, sans droit d’espèces animales ou végétales protégées en vertu des dispositions législatives et réglementaires en vigueur et des conventions internationales auxquelles la République du Togo est partie est punie d’une peine d’un à cinq ans d’emprisonnement et d’une amende d’un million à cinquante millions sans préjudice de toute autre disposition du présent code.
Ces articles prouvent à suffisance que les autorités s’engagent dans la lutte contre l’extinction des espèces protégées. Trois trafiquants avaient été arrêtés en possession de quarante-un perroquets gris à queue rouge, espèce entièrement protégée et condamnés le 17 janvier 2022, par le tribunal de Première Instance de Lomé, pour flagrant délit de détention, de circulation et de la commercialisation illégale d’espèce faunique en voie d’extinction. Une décision de justice a été obtenue grâce au soutien du Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières (MERF) en collaboration avec EAGLE-Togo, projet spécialisé dans la lutte contre le trafic international d’espèces sauvages protégées.
Aussi en février 2024, un navire en détresse sur les côtes togolaises a été secouru par les services de la marine togolaise et de la Brigade maritime. À son bord, se trouvaient étrangement 17 Tamarins-lion dorés communément appelés singes, ainsi que 12 grands perroquets Arara, que tentait de faire traverser par les eaux togolaises un réseau de trafiquants.
De fait, avec le sauvetage des 17 Tamarins-lion dorés, ainsi que des 12 perroquets Arara enregistrés, les autorités togolaises n’étaient pas à leur premier exploit.
En décembre 2023, par exemple, une cargaison de 40 singes en provenance de la République Démocratique du Congo (RDC), a été interceptée à l’aéroport de Lomé, grâce à la vigilance de la douane et de la Cellule Aéroportuaire Anti-Trafic (CAAT), et à l’expertise d’EAGLE (Eco Activists for Governance and Law Enforcement), un réseau des organisations non gouvernementales nationales en Afrique subsaharienne spécialisée dans la lutte contre la criminalité liée aux espèces sauvages.
Le phénomène prend de l’ampleur dans ce pays de l’Afrique de l’Ouest. C’est la conclusion des résultats de l’état des lieux de l’exploitation illicite des espèces de faune et flore, dressée par l’organisation « Born Free USA » des États-Unis d’Amérique dans 6 pays de la CEDEAO, dont le Togo qui a été considéré parfois comme « la plaque tournante » de l’exportation et du « transit » de spécimens d’animaux de faune et de flore sauvages.

