La COP29 et la problématique de l’extinction des espèces sauvages protégées : qu’en-est-il exactement ?

La 29e Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29), qui s’est tenue à Bakou, en Azerbaïdjan, avait pour objectif majeur d’accélérer les mesures afin de trouver des solutions concrètes au problème lié à la crise climatique. Déjà, on parle des milliers de dollars nécessaires pour que les pays réduisent considérablement leurs émissions de gaz à effet de serre et protègent les vies et les moyens de subsistance contre l’aggravation des effets des changements climatiques. Qu’en est-il des espèces sauvages protégées en voie d’extinction ?

Que ce soit les éléphants, les lions, les tigres, les rhinocéros, en passant par les tortues marines, les lamentins et les coraux entre autres, ces espèces restent menacées et si rien n’est fait, elles vont toutes disparaitre de la terre, créant ainsi un déséquilibre de l’écosystème. En effet, plus d’une espèce, que ce soit marine, terrestre ou aquatique sur trois dans le monde est menacée d’extinction. Pour la première fois, la majorité des arbres du monde ont été ajoutés à la Liste rouge de l’UICN. Ils sont 47 282. Sur ce nombre, 16 425 sont classées en danger d’extinction, soit près de 35%.

Selon certains indicateurs alarmants de l’UICN, le déclin le plus rapide des populations d’espèces sauvages a été enregistré en Amérique latine et dans les Caraïbes (95%), en Afrique (76%), puis en Asie et dans le Pacifique (60%). Le déclin semble plus faible en Europe (35%), un chiffre qui s’explique par le mauvais état dans lequel était déjà la nature européenne avant 1970. Les chiffres qui prouvent que le monde s’approche de points de basculement dangereux et irréversibles, provoqués par la destruction de la nature et le changement climatique.

La population d’éléphants de forêt d’Afrique du parc national de Minkébé au Gabon a diminué de 78 à 81 % entre 2004 et 2014, notamment en raison du braconnage pour le commerce de l’ivoire. On estime que cette baisse de la population se poursuit de nos jours, bien qu’il y ait des exemples positifs de conservation au Gabon et au Congo dans des zones protégées bien gérées. Le continent africain a moins de 400 000 éléphants aujourd’hui. Il est vrai, la chasse à l’ivoire est l’une des causes de l’extinction de l’espèce, mais de nos jours, la destruction de leur habitat en est une autre majeur.

En ce qui concerne les tortues marines, on observe un déclin de 57 % entre 1990 et 2018. Ces tortues sont vulnérables à la perte d’habitat, au changement climatique, à la pêche légale et illégale, ainsi qu’à l’enchevêtrement dans les filets de pêche.

En effet, les populations de tortues marines sont en danger d’extinction. Les principales menaces qui pèsent sur les tortues marines en Afrique de l’Ouest sont les captures accidentelles, la collecte des œufs, le braconnage, la dégradation des habitats et la perte de plages de ponte.

Les interactions avec les pêcheries entrainent d’importantes mortalités chez les tortues marines ; les impacts peuvent être atténués à travers des campagnes d’information et de sensibilisation comme cela a été démontré dans certains pays d’Afrique. Les motifs de consommation et d’utilisation des tortues marines sont identiques dans tous les pays de la sous-région. L’échange d’expériences en matière de législation et de sensibilisation à tous les niveaux a été un élément essentiel pour la réussite des activités de conservation des tortues marines.

Même si en Afrique Australe, il y a une lueur d’espoir, il faut reconnaître qu’en un demi-siècle, les éléphants d’Afrique ont vu leur population disparaître progressivement pour deux raisons, la première étant le braconnage. On chasse ces mammifères pour leurs défenses, d’une grande valeur sur le marché noir. Ces attributs faits d’ivoire font l’objet d’une demande importante dans les pays d’Asie, notamment en Chine. D’autre part, les activités agricoles ont dégradé l’habitat de l’éléphant d’Afrique.

Malgré la tendance globale à la baisse des deux espèces d’éléphants d’Afrique, les évaluations mettent également en évidence l’impact positif des efforts de conservation. Les mesures de lutte contre le braconnage sur le terrain, associées à une législation plus favorable et à une planification de l’utilisation des terres visant à favoriser la coexistence entre l’homme et la faune, ont été essentielles aux succès de conservation des éléphants.

Ajoutons à tout ce déclin de l’écosystème, l’exemple des dauphins d’eau. En effet, la population de dauphins roses, a diminué de 65 %, et celle d’une autre espèce, le tucuxi, y a diminué de 75 % entre 1994 et 2016. Le changement climatique représente une menace de plus en plus importante pour ces dauphins.

Les arbres représentent désormais plus d’un quart des espèces présentes sur la Liste rouge de l’UICN, et le nombre d’arbres menacés est plus de deux fois supérieur au nombre total d’oiseaux, de mammifères, de reptiles et d’amphibiens menacés. Quasiment aucun pays n’est épargné mais la plus forte proportion d’arbres menacés se trouve sur les îles et les changements climatiques affectent de plus en plus leur santé partout dans le monde, souligne l’UICN.

La perte d’arbres est une menace majeure pour des milliers d’autres plantes, champignons et animaux mais aussi pour nous êtres humains car ils sont fondamentaux à toute vie sur Terre en raison de leur rôle dans les cycles du carbone, de l’eau et des nutriments, la formation des sols et la régulation du climat.

 Les coraux sont dévastés par le dérèglement climatique, en raison de la surchauffe des océans provoquée par l’activité humaine. La moitié des espèces de coraux sont menacées. Leur protection est donc un enjeu majeur, alors que se tient actuellement la COP29.

Selon l’UICN, 892 des espèces de coraux constructeurs de récifs, qui vivent dans les eaux chaudes et peu profondes des tropiques, sont menacées d’extinction. Dans la dernière évaluation, datant de 2008, un tiers de toutes les espèces confondues étaient menacées. L’UICN est toujours en train d’évaluer les risques qui pèsent sur les coraux qui vivent en eaux froides, plus profondes, qui rendent leur étude plus difficile.

À travers les eaux turquoise, le blanchiment des coraux saute aux yeux. De l’Atlantique au Pacifique, ils sont dévastés par le dérèglement climatique. La surchauffe des océans, provoquée par l’activité humaine, est en cause. La moitié des espèces de coraux sont menacées. « La fragilité du corail constructeur de récif est due à sa particularité de vivre en symbiose avec des microalgues, qui apportent de la nourriture au corail. C’est cette symbiose qui est très sensible à la température. Au-delà d’une certaine valeur seuil, le corail perd ses algues, et donc il perd 95% de sa nourriture et meurt très rapidement », explique Denis Allemand, directeur scientifique du Centre Scientifique de Monaco.

Classé aussi sur la liste rouge des animaux menacés par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), le lamantin de l’Afrique de l’ouest est une espèce menacée, car il n’y a actuellement aucun mécanisme officiel régional pour la conservation du lamantin d’Afrique ; les législations et les coutumes nationales et locales dans de nombreux États de l’aire de répartition ne s’occupent pas d’une manière adéquate des besoins de conservation de l’espèce.

Le lamantin d’Afrique est largement réparti en Afrique occidentale et a occupé historiquement presque toutes les zones humides à sa portée qui fournissaient des ressources alimentaires appropriées et d’autres conditions nécessaires à sa survie. Bien qu’il ait été éliminé dans certaines zones, il est encore largement réparti et se déplace régulièrement d’un pays à l’autre dans des fleuves et sur la côte. Certains déplacements sont réguliers et saisonniers, mais dans l’ensemble, le lamantin est plus clairsemé que réellement migrateur.

Un changement notoire de la situation au cours de la seconde moitié du 20ème siècle est dû à la fragmentation des populations par la construction de barrages et autres installations. Alors que les principaux barrages comme l’Akosombo au Ghana et le Kainji au Nigeria peuvent créer de nouvelles zones d’habitat favorable aux lamantins, ils peuvent également conduire à un isolement génétique des populations et empêcher les déplacements dans les cours d’eau traditionnels.

Les mesures de lutte contre le braconnage sur le terrain, la surveillance accrue pour que certains arbres ne soient pas abattus et les mesures prises dans le domaine de la pêche, associées à une législation plus favorable et à une planification de l’utilisation des terres visant à favoriser la coexistence entre l’homme et la faune, ont été essentielles aux succès de conservation de certaines espèces sauvages protégées, dont l’éléphant.

Rappelons que les espèces en voie de disparition représentent un enjeu majeur pour la préservation de la biodiversité. Ces espèces, qu’elles soient animales ou végétales, nécessitent des mesures urgentes pour leur survie. La perte de biodiversité due à la disparition des espèces est préoccupante, car chaque espèce joue un rôle important dans l’équilibre des écosystèmes. La disparition d’une espèce peut avoir des conséquences domino sur l’ensemble de l’écosystème, entraînant la disparition d’autres espèces et perturbant les interactions naturelles.

Pour préserver ces espèces en voie de disparition, il est essentiel de mettre en place des mesures de protection, telles que la création de réserves naturelles, la réglementation de la chasse et du commerce des espèces, et la sensibilisation du grand public à l’importance de la biodiversité. Sans oublier la répression des trafiquants fauniques comme le préconise le réseau EAGLE, ceci afin de dissuader d’autres éventuels trafiquants. Il y a donc nécessité de redoubler de vigilance et de faire des plaidoyers auprès des responsables étatiques pour qu’une politique pénale soit définie en matière de répression des infractions liées à la criminalité faunique afin de la rendre beaucoup plus dissuasive dans l’application.

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