Covid 19/ANSAT: « Les Togolais n’ont aucun souci à se faire » en ce qui concerne la sécurité alimentaire, rassure Ouro-Koura Agadazi

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L’une des mesures sociales prises par le gouvernement pour atténuer les effets de la pandémie au coronavirus sur les populations, c’est la mise à disposition des produits céréaliers de l’Agence Nationale pour la Sécurité Alimentaire au Togo (ANSAT). Une mesure qui a également pour objectif d’éviter les spéculations des produits céréaliers sur le marché. Un mois après le lancement de cette opération, le Directeur général dresse le bilan avec nos confrères d’Arcane News. Selon le DG, 91,507 tonnes seulement vendues sur plus de 13 000 tonnes de stock national de sécurité. Le Togo a suffisamment de stock pour faire face à la menace. En tout cas pour l’ancien ministre de l’Agriculture, « les Togolais n’ont aucun souci à se faire ». Lisez en intégralité l’entretien.

A-News :

Que vise essentiellement le lancement des opérations de ventes des produits céréaliers sur l’ensemble du territoire ?

DG ANSAT :

Il nous en souvient qu’au lendemain des premières mesures prises par le gouvernement le vendredi 20 mars 2020 dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus, des velléités de hausse de prix des produits céréaliers sont apparues dans certains marchés de Lomé notamment celui d’Adidogomé Assiyéyé où le prix du bol de maïs de 2,5 kg qui était de 400F est passé à 700F voire 800F. Face à cette situation et pour éviter qu’elle ne se généralise, dès le lundi 23 mars 2020, l’ANSAT a sorti un communiqué pour lancer les opérations de ventes des produits céréaliers sur l’ensemble du territoire national tout en demandant aux clients de respecter scrupuleusement les mesures barrières prises par le gouvernement sur les points de ventes.

Peut- on avoir une cartographie de ces points de ventes ?

Les points de ventes ouverts pour le moment sont :
•Dans le grand Lomé, au total, 7 points de ventes
1. Magasin ANSAT derrière le lycée technique d’Adidogomé
2. Magasin ANSAT non loin du marché d’Agoè Assiyéyé
3. Magasin ANSAT de Togblécopé ( Ancien Togo grain)
4. Point de vente d’Adeticopé près du CEG d’Adéticopé
5. Point de vente de Kégué non loin de la clinique Siliadin
6. Point de vente de Baguida à côté du Lycée de Baguida
7. Point de vente de Léo 2000
• À l’intérieur du pays, au niveau des directions régionales de l’ANSAT et dans certaines préfectures sur demande des préfets.

En quoi ces opérations vont-elles soulager les peines des populations en cette période de crise sanitaire ?

L’ouverture des ventes des produits céréaliers a enraillé le début des spéculations constatées à Lomé et a apporté un grand soulagement aux consommateurs car ils sont rassurés que le gouvernement suit de très près non seulement l’évolution des prix des produits sur les marchés mais aussi leurs disponibilités en cette période de pandémie où les activités économiques sont au ralenti.

Les retours ont-ils été bons sur le terrain ?

Tous les consommateurs ont salué la promptitude de la réaction du gouvernement.
Le lancement des opérations de ventes des produits céréaliers a permis aux populations de s’approvisionner dans des conditions beaucoup plus securisées et de limiter leurs déplacements vers les marchés avec tous les risques que cela comporte en cette période de crise sanitaire.

Beaucoup de personnes ont estimé que l’ANSAT en lieu et place des ventes pourrait procéder à la distribution gratuite de ces vivres aux Togolais. N’est-ce pas judicieux ? Sinon pourquoi ne serait-ce pas la meilleure des options en cette période ?

Dans le souci de prendre en compte les préoccupations des couches vulnérables, le gouvernement togolais a mis en place des organes de soutien sur l’ensemble du territoire. Ces organes fournissent en cas de nécessité des appuis multiformes aux populations civiles. À titre d’exemple, dans le cadre de la gestion de cette pandémie, le gouvernement à travers l’ANPC a apporté des dons en vivres et non vivres aux populations de Kouvom, village situé à 18km de la ville de sokodé où il a été signalé des cas de personnes infectées.
Nous voulons préciser que l’une des missions principales de l’ANSAT est la régulation des prix des produits vivriers sur les marchés. Toutefois, dans le cadre de la gestion des crises, l’ANSAT travaille en étroite collaboration avec les organes d’assistance humanitaire mis en place par le gouvernement.

Les prix de ces produits mis en vente sont-ils revus à la baisse ou maintenus ?

Juste après les deux crises alimentaires de 2005 et 2008, l’ANSAT dans son rôle de régulation, n’a plus mené une campagne de ventes d’envergure nationale des produits dans le souci de permettre aux acteurs du secteur informel qui occupent l’ensemble des marchés de consommation de faire prospérer leurs activités sous réserve de ne pas dépasser un certain seuil de prix sur les marchés.
Dieu merci, grâce à ce travail fait en bonne intelligence avec les femmes commerçantes, les marchés de consommation sur l’ensemble du territoire national sont approvisionnés de façon permanente avec une parfaite stabilité des prix à la portée des consommateurs.
Toutefois, nous tenons à préciser que certaines sociétés publiques et privées lancent de temps en temps des commandes des produits auprès de l’ANSAT aux prix initialement appliqués et annoncés dans notre communiqué du 23 mars 2020.

Après un mois d’activités dans le cadre de ces opérations de ventes, quel bilan dressez-vous et quelles sont les perspectives ?

Un mois après le lancement de cette opération l’on peut se féliciter de la disponibilité et de l’accessibilité des produits sur l’ensemble des marchés du territoire confirmant la parfaite stabilité des prix sur les marchés. L’ANSAT va continuer par faire la veille quotidienne sur les marchés pour maintenir cet équilibre des prix pour la satisfaction des consommateurs, des commerçants et des producteurs.
À la date d’aujourd’hui, les quantités de produits vendues par région, toutes spéculations confondues (maïs, sorgho, mil, riz local et farine de maïs) sont les suivantes :
• Région Maritime : 73,806 tonnes
• Région des plateaux : 3,707 tonnes
• Région centrale : 1,874 tonne
• Région de la Kara : 8,88 tonnes
• Région des savanes : 3,24 tonnes
Soit un total de 91,507 tonnes sur plus de 13000 tonnes de stocks de sécurité mobilisés localement.
À cela s’ajoute une quantité totale de 210,96 tonnes de riz KR 2017, vendue sur l’ensemble du territoire, riz issu de la coopération entre le Togo et le Japon.
Je précise que dans le cadre de l’excellence des relations qui unissent le Togo et le Japon, notre pays bénéficie de la part du Japon d’une enveloppe financière sous forme de dons en vivres pour soutenir la sécurité alimentaire et reconstituer les fonds de contrepartie provenant des recettes de vente de ces produits pour appuyer le gouvernement dans l’élaboration et la mise en œuvre des projets de développement socio-économique.
Rappelons que parallèlement aux opérations de ventes des produits, l’ANSAT continue ses opérations d’achat en zones rurales pour porter le stock de sécurité à 15000 tonnes.
Je voudrais saisir cette opportunité pour renouveler mes remerciements aux médias qui dès le 23 mars 2020 ont relayé le communiqué de l’ANSAT tant en français que dans nos langues locales. Cela a permis surtout à Lomé de desserrer l’étau de la spéculation de certains commerçants véreux dont la seule ambition est de profiter de la situation sanitaire pour créer une pénurie artificielle de produits sur les marchés dans le but de s’enrichir alors que le Togo dispose d’énormes excédents de produits vivriers.
Si vous faites actuellement un tour sur les marchés vous remarquerez une fourchette normale des prix du bol de maïs de 2,5 kg de maïs qui est de 400 à 450 F à Lomé et de 325 à 400 F à l’intérieur du pays.

On vous a vu actif ces dernières semaines que ce soit à Notsè, kovié, dans plusieurs localités de la région des plateaux et centrale ainsi qu’à Tchamba. Que visaient ces sorties surtout en ces périodes où sévit le Covid-19 au Togo ?

La pandémie du Covid-19 est intervenue au Togo en plein préparatif de la campagne agricole 2020-2021, période au cours de laquelle les groupements, les coopératives agricoles bref les producteurs agricoles vendent leurs excédents de produits pour acheter les intrants agricoles notamment les semences, les engrais, les herbicides et les pesticides… en vue de relancer la production.
Pour rassurer ces acteurs principaux de la sécurité alimentaire, l’ANSAT qui est en pleine campagne d’achat de céréales pour la constitution du stock de sécurité sur l’ensemble du territoire national a voulu marquer dans ce contexte de crise sanitaire, d’un sceau particulier les achats de produits agricoles par la sensibilisation des producteurs sur les mesures barrières prises par le gouvernement pour éviter la propagation du Covid-19 en milieu rural qui risque de porter un coup fatal au secteur agricole et partant a l’économie nationale.

En février dernier l’ANSAT a lancé la campagne nationale agricole 2020 à Bégbé, la pandémie du coronavirus n’aura-t-elle pas d’incidences négatives sur les résultats escomptés ?

En réalité, l’ANSAT a plutôt lancé la campagne d’achat de céréales à Bégbé dans la préfecture de Zio.
Concernant les incidences négatives sur les résultats attendus, il n’y a pas d’inquiétudes à se faire, puisque l’ANSAT, parallèlement aux achats a lancé une vaste campagne de sensibilisation en milieu paysan pour vulgariser les mesures barrières édictées par le gouvernement, seul moyen pour prévenir cette pandémie qui fait rage.
Nous sommes confiants parce qu’à chaque rencontre avec le monde rural, nous avons des vis-à-vis qui ont adhéré aux décisions du gouvernement et qui les mettent en application sur le terrain.

Lors d’une de vos sorties notamment à Kovié vous affirmiez qu’il n’était pas exclu que le Togo vienne en aide aux pays de la sous-région durement frappés par la crise sanitaire au regard de l’excédent engrangé (70.000 tonnes) de maïs. L’opinion a formulé de vives critiques estimant que les togolais expriment toujours des besoins et que ce serait une mauvaise démarche, que répondez-vous ?

Nous savons tous que le secteur agricole est le véritable poumon de l’économie nationale, en ce sens qu’il contribue à 40% à la production du PIB et un secteur pourvoyeur d’emplois.
Pour accélérer la croissance économique de notre pays le gouvernement togolais sous la haute impulsion du Président de la République, Son Excellence Monsieur Faure Essozimna Gnassingbé, a élaboré et mis en œuvre avec l’appui des partenaires techniques et financiers, plusieurs projets et programmes de développement du secteur agricole qui ont permis à notre pays d’assurer la sécurité alimentaire pendant plus de dix ans, d’amorcer le train de réduction de la balance commerciale avec l’accroissement des volumes des produits agricoles exportés vers la sous-région, l’Europe, l’Asie et les USA…
La campagne agricole passée a encore confirmé ces résultats avec des excédents de produits de céréales d’environ 70 000 tonnes.
Il suffit de quitter la capitale Lomé où sont formulées ces vives critiques pour aller dans les zones de production pour s’en rendre compte de la bonne santé du secteur agricole en terme d’excédents.
À titre d’exemple, plusieurs zones de production du pays affichent actuellement quantités de céréales non écoulées. C’est le cas de la zone Nord-Est de la ville de sokodé qui enregistre à elle seule plus de 4200 tonnes, Elavagnon dans l’Est-Mono plus de 5000 tonnes de maïs, sans parler des préfectures de Bassar, de dankpen, de Mô, de sotouboua, de blitta, de tchamba, de doufelgou, de la binah, de la Kéran, de l’Oti sud, de kpendjal, de Tandjoare, Tône… Si aucune mesure n’est prise pour permettre aux paysans d’écouler leurs excédents de production, ils risquent d’etre démotivés et cela portera un coup dur à la croissance agricole enregistrée par le Togo depuis plus d’une décennie et par ricochet à la sécurité alimentaire.
L’ANSAT prendra toutes les dispositions pour maintenir la sécurité alimentaire et assister les paysans dans l’exportation des excédents si d’aventure le Togo était sollicité.

L’issue de cette crise est jusqu’ici incertaine, on ne sait jusqu’à quand peut durer cette situation, aujourd’hui, les togolais peuvent-ils être rassurés de ce que les greniers sont pourvus si on ne le souhaite pas, la crise durait plusieurs mois ?
Qu’avez-vous à dire aux togolais et aux producteurs en particulier ?

En un mois de mise en marché, l’ANSAT n’a vendu que 91,507 tonnes sur plus de 13000 tonnes de stock national de sécurité, 210,96 tonnes de riz KR 2017.
Au-delà de ces stocks de sécurité, l’ANSAT sur instruction du gouvernement est en train de monter une réserve opérationnelle de 3000 à 5000 tonnes dédiée à la gestion de la pandémie si elle s’installait dans la durée. Donc, les Togolais n’ont aucun souci à se faire.

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